Un banc de milliers de petits poissons essaiment dans une eau claire d'un bleu profond près de la surface de l'eau, tandis qu'un fou, un oiseau marin, secoue la tête sous l'eau pour essayer d'en attraper un.
Des milliers de poissons tourbillonnent dans les eaux bleues de la Polynésie française, qui abrite certaines des dernières zones marines sauvages au monde. Un récent sondage a révélé que près de 80 % des Polynésiens sont préoccupés par le fait que l'océan ne bénéficie pas de protections adéquates et soutiennent la mise en place de mesures de conservation dans plus de la moitié des océans et des lagons de la Polynésie française.
Joaquin Fregoni

Un nouveau sondage révèle que les Polynésiens sont préoccupés par les menaces qui pèsent sur leurs eaux dans l'océan Pacifique Sud, qui fournissent un habitat à des espèces marines que l'on ne trouve nulle part ailleurs dans le monde.

Plus de 90% des Polynésiens soutiennent les propositions visant à protéger les eaux autour de deux archipels, les îles Australes et les îles Marquises. Les résultats sont issus d'un sondage représentatif réalisé auprès de 1 378 Polynésiens à la demande de Pew Bertarelli Ocean Legacy en partenariat avec le ministère des Ressources marines et de l'Environnement et réalisé par Alvea Consulting en octobre et novembre.

Les résultats renforcent les conclusions d'une enquête similaire menée en 2019, montrant que les Polynésiens sont de plus en plus préoccupés par la santé des océans et le déclin des stocks de poissons.

Près de 80 % des personnes interrogées en 2024 affirment que l'océan de la Polynésie française n'est pas suffisamment protégé des activités humaines, et deux tiers pensent que l'océan est en mauvaise santé et se détériore.

Au cours de la dernière décennie, les communautés de la Polynésie française ont plaidé pour la création de deux aires marines protégées à grande échelle et hautement protégées dans leurs eaux. Ces aires protégées interdiraient la pêche industrielle et l'exploitation minière dans le but de minimiser la perte de biodiversité et de maintenir des pêcheries productives.

En 2016, les habitants des îles Australes, qui comprennent cinq îles habitées et deux îles inhabitées situées dans la partie sud des eaux de la Polynésie française, ont appelé le gouvernement de la Polynésie française à établir une aire marine protégée d'un million de kilomètres carrés (386 102 miles carrés) appelée Rāhui Nui nō Tuha'a Pae. Le sondage de 2019 a montré que 78 % des personnes interrogées le soutenaient.

En 2018, les maires des îles Marquises, un site du patrimoine mondial de l'UNESCO, ont demandé au gouvernement d'établir une aire marine protégée de 430 000 kilomètres carrés (166 024 miles carrés) appelée Te Tai Nui a Hau. Le sondage de 2019 a montré que 73 % des personnes soutenaient l'effort.

Dans le dernier sondage publié en décembre 2024, le soutien aux deux initiatives de grandes aires marines protégées est passé à 92 % des Polynésiens, dont 95 % de la population des Australes et 94 % des Marquisiens, démontrant l’attente forte de la communauté que le gouvernement protège davantage l'océan. Depuis septembre dernier, le ministère des Ressources marines et de l'Environnement de la Polynésie française a sollicité les commentaires du public auprès des communautés locales pour établir les deux aires marines protégées.

Les personnes interrogées sont également favorables à des mesures de protection marines supplémentaires. Notamment, 81 % des Polynésiens soutiennent le projet du gouvernement visant à établir des zones de pêche artisanale qui interdiraient aux palangriers d'opérer dans les eaux côtières autour des 118 îles de la Polynésie française. Et 90 % soutiennent la création de rāhui dans les lagons, une pratique locale qui consiste à réglementer l'accès à une zone pour permettre aux habitats de se régénérer et aux espèces de se développer jusqu'à atteindre une taille de récolte optimale, ou aux populations de croître au-delà des niveaux de récolte habituels. La mise en place d'aires marines protégées autour des îles Australes et Marquises aiderait la Polynésie française à atteindre son objectif de protéger fortement 30 % de sa zone économique exclusive.